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Québec accessible

Bulletin électronique

Québec accessible : le début d'une grande aventure!

Nous sommes cinq citoyen(ne)s engagé(e)s. Nous avons tous vécu, directement ou indirectement, de la discrimination fondée sur le handicap. À chaque obstacle rencontré, nous avons dû nous battre, déposer une plainte ou encore simplement accepter la situation faute de temps et d’énergie pour la changer. Nous nous sommes rassemblé(e)s pour tenter de changer les choses afin de ne plus à avoir à livrer des batailles individuelles.

Nous constatons une méconnaissance profonde des droits des personnes handicapées au Québec. En l’absence d’une loi dotée d'objectifs précis visant à abolir les obstacles à l’inclusion des personnes handicapées et à interdire la création de nouvelles barrières, les personnes handicapées sont obligées de naviguer dans des espaces, des milieux et des réseaux inaccessibles.

Au-delà des obstacles physiques et matériels, les personnes handicapées font également face à des attitudes discriminatoires. Les personnes handicapées doivent livrer de longues batailles personnelles, professionnelles ou juridiques souvent difficiles pour faire reconnaître leur droit à l’égalité. Les personnes vivant d’autres formes d’oppression (comme le racisme ou le sexisme) sont encore plus touchées. Encore aujourd’hui, le handicap est trop souvent perçu comme un problème individuel. Pourtant, c’est un phénomène beaucoup plus complexe nécessitant d'importants changements dans la société québécoise.

Nous avons constaté l’inefficacité de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale. Cette loi a été adoptée en 1978 et modifiée en 2004 sans emballer les personnes handicapées et leurs allié(e)s. En 2015, nous constatons que la majorité de la population, y compris la population handicapée, ignore son existence. Nous devons donc faire un constat : cette loi méconnue ne mobilise pas la société québécoise.

À l’instar de ce qui se fait tant dans certaines provinces canadiennes qu’à l’étranger depuis de nombreuses années, nous croyons que le Québec doit adopter une loi beaucoup plus contraignante pour l’accessibilité. Cette loi doit avoir le soutien de la communauté des personnes handicapées. Nous croyons qu’une loi bien conçue, avec des demandes claires et balisées, des échéanciers et des mécanismes de suivi, mènera à des changements positifs dans le but de créer une société plus inclusive. Un cadre juridique clair offrira aux personnes handicapées un levier de plus pour faire respecter leurs droits. Il s'agit d'une nécessité. Le Québec accuse un retard important en matière de lutte à la discrimination fondée sur le handicap à plusieurs égards.

Nous voulons collaborer avec divers groupes souvent en marge de la communauté des personnes handicapées (personnes Sourdes, personnes psychiatrisées). Nous comprenons également l’importance de travailler en collaboration avec les autres groupes opprimés puisque les personnes handicapées ne représentent pas un bloc monolithique.

Nous croyons que pour réussir à faire adopter une loi adéquate sur l’accessibilité au Québec, les personnes handicapées doivent se réunir et se mobiliser. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer cette plateforme qui servira à rassembler les informations nécessaires pour sensibiliser, éduquer, rallier, mobiliser et revendiquer.

Ensemble, nous pouvons changer les choses!

Mélanie Benard   Michel Lemay   Pierre Lemay   Laurence Parent   Marie-Eve Veilleux

Actualités

La loi sur l’accessibilité dans les médias

Au cours de la Semaine québécoise des personnes handicapées, plusieurs médias ont traité du développement d’une loi sur l’accessibilité. Voici une liste des apparitions médiatiques que nous avons recensées.

Une pétition demande une loi cadre sur l’accessibilité universelle, Journal Métro

Editorial: Public transit is not nearly accessible enough, The Montreal Gazette

Pour de meilleures lois favorisant l'inclusion des personnes à mobilité réduite, Radio-Canada

Se déplacer en ville en fauteuil roulant, Radio-Canada

Une exposition pour le transport accessible, Journal de Montréal


Nous soulignons également le lancement de l'exposition virtuelle À la porte que nous vous invitons à découvrir. Nous tenons à féliciter particulièrement l’équipe de Portraits de Montréal pour son travail. Ce fut un plaisir de travailler avec eux à la rédaction de la pétition.
Notre semaine

La Semaine québécoise des personnes handicapées vient tout juste de prendre fin. Alors que l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) a davantage parlé de Martin Deschamps que d’accessibilité, Québec accessible a publié six textes abordant des enjeux importants pour les droits des personnes handicapées.

Lundi, nous avons publié un texte sur la loi québécoise et la question de l’accessibilité du transport en commun. Mardi, nous avons partagé un récit sur le manque criant de taxis accessibles à Montréal. Mercredi, nous avons souligné le lancement de l’exposition À la porte et de la pétition pour l’adoption d’une loi sur l’accessibilité au Québec. Jeudi, nous avons partagé une lettre écrite par deux membres de Québec accessible et publiée dans le Devoir. Cette lettre dénonçait l’immobilisme de l’OPHQ face aux coupures frappant de nombreuses personnes handicapées. Vendredi, nous avons partagé un texte écrit par Marie-Eve Veilleux, membre de Québec accessible, au sujet des effets pervers de la campagne de sensibilisatiton de l’OPHQ. Dimanche, nous avons publié un texte critiquant le nouveau Plan des engagements gouvernementaux du gouvernement du Québec.

Nous sommes ravis de constater que plusieurs groupes de personnes handicapées se sont déjà prononcés pour l’adoption d’une loi sur l’accessibilité au Québec. Le retard accusé par le Québec est indéniable et est de plus en plus sujet de discussion. Il s’agit d’une excellente nouvelle!

Bien que nous ayons choisi d’axer nos revendications sur une loi sur l’accessibilité, nous tenons à exprimer notre indignation face aux nombreuses coupures qui affectent les droits des personnes handicapées. Des gains du passé sont remis en question. Le filet social s’effrite et touche les personnes les plus marginalisées. Dans un tel climat, il peut paraître risqué de militer pour une nouvelle loi sur l’accessibilité. Nous sommes d’avis qu’au contraire, il s’agit d’une opportunité pour créer un mouvement fort et uni contre la discrimination fondée sur le handicap.

Trois façons d’agir maintenant :
 
Signez la pétition pour le développement d’une loi sur l’accessibilité au Québec

Informez-vous en consultant les documents de la présentation de Me Mélanie Bénard et de Laurence Parent.

Suivez-nous sur les médias sociaux (Facebook et Twitter)

Merci de faire connaître Québec accessible dans vos réseaux!
L’accessibilité aux transports en commun et la loi québécoise
De plus en plus de personnes handicapées font appel aux médias pour dénoncer des situations discriminatoires qu’elles vivent. Les problèmes d’accessibilité dans les transports en commun sont parmi les problèmes les plus récurrents. Par exemple, l’accessibilité du transport en commun montréalais accuse un énorme retard comparativement à plusieurs autres villes occidentales. Seulement 8 stations de métro sur 68 sont dotées d’ascenseurs. À ce rythme, le métro de Montréal sera complètement accessible en 2090.

Qu’est-ce que la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées dit au sujet de l’accessibilité des transports en commun?

  • En 2005, les sociétés de transports en commun devaient faire approuver un plan de développement de l’accessibilité par le ministre des Transports.
  • En 2011, seulement 16 des 34 sociétés avaient soumis un plan.
  • Pas de pénalités si la société de transport ne soumet pas un plan.
  • Pas d’obligation de poursuivre la mise en oeuvre des plans.

Pendant ce temps en Ontario…

La Loi pour l’accessibilité de l’Ontario requiert des services de transport en commun complètement accessible en 2025.

Le Québec a un sérieux problème!

L’accessibilité des taxis à Montréal et la loi québécoise
L’hiver dernier, quatre membres de Québec accessible ont eu de la difficulté à réserver un taxi privé accessible. Certaines compagnies de taxi nous promettent un service en moins d’une heure. Malheureusement, cet engagement n’existe que sur papier. Pourquoi? La raison est simple : il n’y a pas assez de taxis accessibles à Montréal.

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Comment se fait-il qu’en 2015 il soit impossible de spontanément prendre un taxi accessible? Pourquoi de nombreuses villes québécoises n’ont-elles toujours pas d’objectifs concrets pour la mise en accessibilité de leur flotte de taxi dans un délai raisonnable? À quoi ressemble l’offre de service des autres villes canadiennes?

Nous croyons qu’une nouvelle loi provinciale sur l’accessibilité servirait de levier pour faire avancer ce dossier. Voici la lettre ouverte qu'ils ont publiée.

Lettre ouverte

Au cours des dernières années, de nombreuses personnes handicapées ont exprimé leur ras-le-bol face à l’inaccessibilité du transport en commun à Montréal. Jour après jour, plus de personnes handicapées témoignent pour illustrer les multiples difficultés rencontrées, ce qui contribue à faire connaître cette réalité au grand public.

Lorsque le réseau de transport en commun tombe en panne ou subit des retards, bien des Montréalaises et Montréalais ont le réflexe de prendre un taxi. Lorsqu’elles font face à un problème de transport, on peut penser que les personnes handicapées ont le même réflexe. Par contre, elles se butent à un problème majeur… En effet, la flotte de taxis accessibles est si petite que vous avez probablement plus de chances de gagner le million que de réussir à attraper un taxi accessible sur Sainte-Catherine. Ce n’est pas une blague. Il arrive même fréquemment d’être incapable de réserver un taxi accessible à l’avance.

Vendredi soir dernier, trois personnes en fauteuil roulant se sont retrouvées prises dans un restaurant au centre-ville. Pourquoi? Le service au restaurant était plus lent que prévu et le transport adapté de la Société de transport de Montréal (STM), qu’ils avaient réservé deux jours à l’avance, ne pouvait pas venir les chercher un peu plus tard. Elles ont alors contacté trois compagnies de taxi pour réserver un véhicule accessible. Toutefois, aucun taxi n’était disponible pour elles, même si elles ont appelé près de 2 h à l’avance… Pourtant, elles demandaient un taxi pour 21 h 30, pas minuit ou deux heures du matin… et encore moins à l’heure de pointe! Puisque seulement huit stations de métro sont accessibles sur tout le réseau et aucune n’était proche d’elles ou de leur destination, elles ont dû attendre dans un froid hivernal des autobus à plancher bas et allonger considérablement leur temps de transport.

La veille, une autre personne handicapée a appelé une compagnie de taxi à 9 h 40 pour réserver un taxi pour 15 h 45. La réponse? “Non madame, nous n’avons pas de voitures disponibles avant 20 h”. Elle a donc contacté une autre compagnie qui lui a dit : “Rappelez-moi dans 30 minutes, je vais voir ce que je peux faire.” Elle a finalement obtenu une voiture. Quelle chance! Des histoires du genre, nous en avons trop à raconter.

Il y a quelques années, certaines compagnies de taxi ont commencé à faire la promotion de leurs services accessibles et avaient pour objectif de répondre aux demandes dans un délai d’une heure.  Pourtant, nos expériences démontrent plutôt qu’il est quasi-impossible d’obtenir un véhicule accessible dans les délais convenus même si le nombre a augmenté de façon substantielle depuis le début des années 2000. Pourquoi? Ces taxis sont utilisés par la STM qui sous-traite la majeure partie du service de transport adapté à l’industrie du taxi. Les taxis accessibles sont donc peu disponibles pour les personnes dont les besoins ne sont pas comblés par le transport adapté de la STM.

La situation montréalaise est d’autant plus choquante lorsqu’on la compare à celle de plusieurs municipalités situées dans des états où une solide législation en matière d’accessibilité a été adoptée. Déjà en 2006, héler un taxi accessible à Vancouver était un geste plutôt banal. De son côté, la ville de Toronto prévoit avoir une flotte de taxis complètement accessible d’ici 2025, afin de se conformer à la loi sur l’accessibilité pour les Ontariens handicapés. Pour sa part, la ville de New York vient de signer une entente historique avec un groupe de personnes handicapées afin de rendre 50 % de sa flotte accessible d’ici 2020. Et, exemple par excellence, Londres a une flotte de taxis complètement accessible depuis déjà plusieurs années. Mais il n’existe au Québec aucune loi comparable sur l’accessibilité.

Si Montréal veut devenir une ville intelligente, elle devrait commencer par rattraper l’immense retard qu’elle a accumulé en matière d’accessibilité aux transports, situation qui nuit à l’inclusion des personnes handicapées. Nous voulons, nous aussi, bénéficier de la même liberté de déplacement que toutes les citoyennes et tous les citoyens de la métropole.

Et, tant et aussi longtemps que l’État québécois ne se dotera pas d’une solide loi encadrant l’accessibilité, tout porte à croire que Montréal continuera à faire des choix qui ne sont pas dignes d’une ville intelligente…

Michel Lemay, actuaire

Pierre Lemay, coordonnateur à l’évaluation de la performance

Laurence Parent, candidate au doctorat en sciences sociales

Marie-Eve Veilleux, traductrice scientifique
 


Projet À la porte et le besoin d’une loi-cadre
Au cours des derniers mois, nous avons collaboré avec l’équipe de À la porte (alaporte.org) dont le projet vise à mettre des visages sur les problèmes d’accessibilité. Au fil du projet, Kéven Breton et les photographes de Portraits de/of Montréal ont voulu étendre la portée de leur message et ils lancent aujourd’hui une pétition pour demander une loi-cadre sur l’accessibilité au Québec.

Notre constat est clair : la loi actuelle est déficiente. Nous avons besoin d’une réforme législative. Pour atteindre cet objectif, nous devons être nombreux et solidaires. Nous savons que la route sera parsemée d’obstacles. Nous savons aussi que nous pouvons y arriver. Les obstacles, on connaît ça!

Nous n’inventons rien. Nous voulons simplement que le Québec se dote d’une loi permettant de garantir les droits reconnus par la Charte québécoise des droits et libertés depuis 1978.
 



Selon nous, cette loi-cadre devrait :

  1. Étendre les obligations actuelles au secteur privé :
  • Soumettre des plans d’accessibilité de façon périodique;
  • Établir des directives pour la prestation de services aux personnes handicapées;
  • Former les employés à la mise en œuvre des directives.
  1. Établir des objectifs et des échéanciers concrets pour l’élimination des obstacles :
  • développés en concertation entre les personnes handicapées, le milieu associatif et les instances concernées par les nouvelles réglementations;
  • revisés et amendés périodiquement
  1. Inclure des mécanismes effectifs de surveillance et de mise en œuvre pour assurer la conformité :
  • Mandater un organisme indépendant de mener des enquêtes d’accessibilité et d’évolution des aménagements favorisant l’accessibilité ;
  • Prévoir des sanctions suffisamment conséquentes pour dissuader les infractions ;
  • Prévoir des incitatifs pour encourager la mise en oeuvre d’aménagement favorisant l’accessibilité (ex. crédits d’impôts, aide financière, etc.)

Les détails de cette loi devront être développés par un organisme indépendant. Cet organisme devra être composé d’une majorité de personnes en situation de handicap.

Nous avons toutes et tous un rôle à jouer. Dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, l’Office des personnes handicapées nous invite à faire des petites choses dans notre quotidien pour aider les personnes handicapées.

Nous vous invitons plutôt à joindre un mouvement citoyen pour créer un Québec plus accessible! Ensemble, nous sommes capables de grandes choses!


Le triste silence de l’OPHQ
En décembre dernier, deux membres de Québec accessible ont publié une lettre ouverte dans Le Devoir pour dénoncer l’inaction de l’OPHQ. Déjà, elles demandaient l’adoption d’une loi contraignante sur l’accessibilité pour apporter des changements concrets. Voici leur texte.

Le triste silence de l’Office des personnes handicapées du Québec

Nous sommes deux femmes handicapées. Nous sommes nées au Québec après l’ajout du handicap à la Charte des droits et libertés du Québec et l’adoption de la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale, en 1978. Plusieurs années après ces moments historiques qui avaient pour but d’éliminer les obstacles pour les personnes handicapées, avons-nous le cœur à la fête aujourd’hui ? Pas vraiment. Être une personne handicapée au Québec en 2014 signifie être davantage exposé à l’exclusion et à la pauvreté. En voici quelques exemples.
 



Nouvelles gares sans accès

Le 1er décembre, l’Agence métropolitaine de transport inaugurait sa toute nouvelle ligne de train reliant Mascouche à la gare Centrale de Montréal. Des 13 gares composant le circuit, seulement 3 sont accessibles aux personnes utilisant un fauteuil roulant. Apparemment, toutes les gares deviendront accessibles. Quand ? Nous n’en avons aucune idée ; l’AMT n’a pas cru bon d’informer les usagers. En 2014, il est encore possible, au Québec, de construire de nouvelles installations inaccessibles.

La semaine dernière, la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec a annoncé que le gouvernement avait rejeté la proposition d’inclure de nouvelles exigences d’adaptabilité pour l’intérieur des habitations au Code de construction. Cela s’ajoute aux récentes incertitudes quant au financement du programme provincial d’adaptation de domicile qui a été coupé lors du dernier budget et dont les sommes budgétées étaient écoulées en novembre.

En ce qui concerne les transports, le Service de transport adapté de la capitale se retrouvait face à un manque à gagner de 500 000 dollars l’année passée et elle espère que la situation ne se reproduise pas cette année. Même son de cloche à la Société de transport de l’Outaouais : si les subventions gouvernementales n’arrivent pas, le service pourrait en souffrir. Dans son budget 2015, la Société de transport de Montréal a indiqué que la subvention provinciale accordée au transport adapté n’était pas bonifiée, l’obligeant ainsi à assumer les coûts supplémentaires liés à l’augmentation de l’achalandage.

Dégradation

On apprenait également que les nouveaux contrats d’intégration au travail (CIT) ont été gelés en juin dernier. Ce programme permet d’encourager l’embauche et le maintien en emploi des personnes handicapées en offrant une compensation à l’employeur pour permettre l’embauche d’un accompagnateur, l’adaptation du lieu de travail, etc.

Les services de santé et de soutien à domicile, pour leur part, continuent d’être sous-financés. Les personnes ayant des besoins plus complexes sont les premières touchées. Elles ont de moins en moins leur place dans un système où les usagers sont de plus en plus des numéros. Plusieurs de ces personnes sont contraintes de vivre en CHSLD. Certaines d’entre elles décident même de mettre fin à leur vie pour éviter de vivre en institution ou d’être un fardeau pour leurs proches. Depuis avril, trois personnes tétraplégiques se sont enlevé la vie. Le manque de ressources pour vivre chez soi brise des vies, et ce, depuis trop longtemps. Les mesures d’austérité nous laissent présager une aggravation de la situation.

Si les droits des personnes handicapées ont été reconnus dès 1978, la révolution devant mener à leur libération n’a jamais été achevée. La vague néolibérale ayant touché le Québec dès les années 1990 a mis en péril le développement de nombreux services et programmes pourtant nécessaires à l’exercice des droits des personnes handicapées. En freinant des initiatives comme celles énumérées ci-dessus, les nouvelles mesures d’austérité aggravent l’exclusion de ces personnes. Cette exclusion est d’autant plus inquiétante du fait que la discrimination fondée sur le handicap demeure méconnue et que la législation en matière d’accessibilité est trop faible pour faire face aux impératifs économiques de notre époque.

Devoir d’agir

Qu’a fait l’Office des personnes handicapées du Québec en cette journée internationale ? Elle a encouragé les individus à faire de bonnes actions dans les lieux de travail. Chaque année, elle remet des prix. Il faut en faire beaucoup plus. L’Office doit se prononcer sur les réductions budgétaires et les décisions gouvernementales qui ont un impact direct sur la vie des personnes handicapées. Elle doit aussi se positionner en faveur de l’adoption d’une loi contraignante visant à éliminer les obstacles rencontrés par les personnes handicapées.

Cela fait déjà 30 ans que les personnes handicapées le disent : l’Office des personnes handicapées n’existe pas pour les personnes handicapées, mais plutôt pour le gouvernement. Son silence quant aux récentes mesures ne laisse aucun doute.

Laurence Parent et Marie-Eve Veilleux – Respectivement candidate au doctorat en Humanities à l’Université Concordia et étudiante au deuxième cycle en bioéthique à l’Université de Montréal
 


Les effets pervers de la campagne de sensibilisation de l’OPHQ
Voici un texte rédigé par l’une des fondatrices de Québec accessible, Marie-Eve Veilleux

Au-delà de la normalité

Cette semaine, l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) célèbre la Semaine québécoise des personnes handicapées. Les citoyens et les entreprises sont invités, du 1er au 7 juin, à poser « des gestes simples » (1) pour aider les personnes handicapées à participer à la société. Pour faire la promotion de la Semaine québécoise des personnes handicapées, les affiches de l’OPHQ présentent des humains « on ne peut plus normaux ». Ils sont tous beaux et n’ont pas « l’air » handicapés. Le seul indice que ces personnes vivent avec un handicap est l’ombre derrière elles qui montre le logo associé à un handicap (moteur, cécité, surdité) ou une mention dans le texte accompagnant la photo pour les handicaps qui n’ont pas de logo attitré. L’OPHQ explique que les images ont été choisies pour « illustrer de façon positive la participation sociale » (2) dans une optique de voir la personne en premier.

Affiche représentant Philippe, qui a une incapacité visuelle. Dans cette affiche, on voit Philippe en situation de participation sociale. Il est debout, devant un fauteuil et une lampe. Son ombre, projetée sur le sol, représente une personne se déplaçant avec une canne.Affiche représentant Fabien, qui a une incapacité motrice. Dans cette affiche, on voit Fabien en situation de participation sociale. Il est assis sur une chaise devant son ordinateur. Son ombre, projetée sur le sol, représente une personne en fauteuil roulant.

Utiliser un langage et une représentation qui met les « personnes d’abord » relègue le handicap au second plan. Cette façon de penser le handicap est très courante, mais elle est également très critiquée. En effaçant les signes de handicap, comme un fauteuil roulant, des déformations, un regard différent, n’accentue-t-on pas la pression à laquelle sont soumises les personnes handicapées pour correspondre aux normes de la société?



Effacer le handicap, c’est aussi faire de lui un problème personnel. Pour surmonter son handicap et prendre sa place dans la société, la personne handicapée doit avoir la bonne attitude, démontrer du courage, être forte. La suppression, par l’OPHQ, de tout signe visible de handicap au profit de la représentation d’une personne correspondant aux standards de normalité ne contribue aucunement à la reconnaissance des personnes handicapées comme êtres humains de même valeur. À ce sujet, Kathleen Downes écrit « si vous pouvez me voir comme une personne uniquement lorsque vous ne voyez pas mon fauteuil roulant, cela sous-entend qu’il vous est impossible de traiter une personne assise dans un fauteuil roulant comme un être humain » (traduction libre) (3).

Éliminer les signes visibles du handicap ne contribue pas, non plus, à remettre en question les normes en matière de beauté et de capacité véhiculées par notre société. Titchkosky (4) avance que la représentation « personnes d’abord » voit le handicap comme une limitation et un manque que certaines personnes possèdent. Elle argue qu’il devient alors impossible de concevoir le handicap comme un phénomène politique auquel les personnes peuvent s’identifier, comme c’est le cas par exemple pour la culture noire. Souvenons-nous du tollé qu’a suscité le maquillage noir d’un acteur blanc au Théâtre du Rideau vert. Pourtant, ce printemps, Luc Guérin a tenu le rôle d’une personne handicapée sans que cela soulève la controverse au Québec. Parallèlement, à l’étranger, de nombreuses personnes et médias ont dénoncé la personnification de Stephen Hawking par l’acteur non handicapé Eddie Redmayne. Le journal britannique The Guardian compare les deux phénomènes en écrivant que les acteurs qui se peignent le visage en noir (blacking up) se font accueillir avec consternation, et ce, à juste titre, mais ceux qui imitent une personne handicapée (cripping up) remportent encore des trophées (5).

L’OPHQ existe depuis 1978. Son but était alors d’être un organisme éphémère, voué à disparaître lorsque le Québec serait accessible aux personnes handicapées. À l’aube de ses 40 ans, force est de constater que cette mission se prolonge et que le Québec accuse un retard considérable en matière d’accessibilité. En faisant du handicap un problème personnel qu’on peut régler par « des gestes simples », je suis d’avis l’OPHQ contribue à nier que le handicap est également un phénomène social et politique. Conséquemment, l’accessibilité et l’inclusion sociale progressent au compte-gouttes grâce à la bonne volonté des gens.

Mais le handicap est politique. Pour reprendre les mots de Titchkosky, les personnes handicapées devraient pouvoir s’identifier comme faisant partie de la principale minorité physique au Canada ou comme existant différemment des personnes non handicapées. Elles devraient pouvoir constater que la société est construite pour exclure les personnes comme elles. L’OPHQ a un rôle à jouer dans ce changement de perception. Pour que les personnes handicapées puissent enfin vivre dans un Québec égalitaire, elles doivent être considérées comme étant égales avec leur fauteuil roulant, leurs déformations, leur regard différent.

Références

(1)https://www.ophq.gouv.qc.ca/evenements/semaine-quebecoise-des-personnes-handicapees/edition-2015/ensemble-un-theme-daction.html

(2)https://www.ophq.gouv.qc.ca/evenements/semaine-quebecoise-des-personnes-handicapees/edition-2015/ensemble-un-theme-daction.html

(3)http://thesqueakywheelchair.blogspot.ca/2015/01/hey-you-my-name-is-not-wheelchair.html

(4)Titchkosky, Tanya. “Disability: A Rose by Any Other Name?‘People-First’ Language in Canadian Society.” Canadian Review of Sociology/Revue Canadienne de Sociologie 38, no. 2 (May 1, 2001): 125–40.

(5)http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jan/13/eddie-redmayne-golden-globe-stephen-hawking-disabled-actors-characters


Plan d’engagements gouvernementaux : la mise en accessibilité du transport en commun attendra (encore)

Le 1er juin dernier, la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, Mme Lucie Charlebois, a présenté le nouveau Plan d’engagements gouvernementaux 2015-2019 de la politique À part entière. L’annonce d’un nouveau plan semble à prime abord positive et toute indiquée pour lancer la Semaine québécoise des personnes handicapées. L’Office des personnes handicapées du Québec, de son côté, s’est réjoui de l’adoption de ce plan contenant 63 engagements relevant de 24 ministères. Lors d’une entrevue avec Luc Fortin sur les ondes de Canal M, la ministre Charlebois a affirmé que ce nouveau plan visait à donner un « deuxième souffle, une deuxième impulsion, pour arriver à des belles réalisations ». Questionnée sur l’efficacité d’une telle approche pour garantir l’exercice des droits des personnes handicapées, la ministre a réaffirmé avec conviction son appui en disant que le plan était impressionnant et ambitieux. « Honnêtement, c’est gros là », a-t-elle dit.

Qu’en est-il de ce nouveau plan? Que contient-il? Devrions-nous toutes et tous être aussi emballé-es que la ministre Charlebois? Mise à part l’entrevue de Luc Fortin, je n’ai trouvé aucun article ou reportage au sujet de ce plan. Pour des raisons de temps et de connaissances, je n’ai pas analysé les 63 engagements. L’engagement relatif au transport a retenu mon attention. Sa lecture m’a permis de constater que le retard accusé par le Québec ne fera que s’accentuer au cours des prochaines années. Les personnes handicapées ne peuvent définitivement pas se réjouir comme la ministre.
 



Un faible engagement

Engagement 47 : Identifier des pistes d’harmonisation et d’optimisation des services de transport adapté et collectif au Québec afin de favoriser les déplacements sans obstacles des personnes handicapées.

Responsable : MTQ

Collaborateur : OPHQ

 Étapes :

  • Recenser et examiner les problématiques des services de transport adapté et collectif au Québec.
  • Cerner les bonnes pratiques dans les régions et les initiatives porteuses.
  • Analyser la possibilité de tenir un projet pilote ou de déployer certaines initiatives pour expérimenter des pistes potentielles d’harmonisation et d’optimisation.
  • Proposer un plan de mise en œuvre des solutions retenues

Échéancier : 2019

Tout d’abord cet engagement soulève une question d’importante qui ne peut être posée sans une bonne dose d’exaspération : « Comment ça que ça a pas déjà été fait? » L’objectif de créer une société accessible pour les personnes handicapées ne date pas d’hier. En 1978, la loi pour l’exercice des droits des personnes handicapées a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Cette même loi a été modifiée en 2004. En 2009, la politique À part entière a été adoptée avec pour objectif d’accroître la participation sociale des personnes handicapées sur un horizon de dix ans. Un plan d’action contenant 400 engagements a été déposé. Sur les ondes du Canal M, la ministre Charlebois a affirmé que sur ces « 400 engagements presque la totalité sont accomplis, ceux qui ne sont pas réalisés sont en voie de l’être et les autres sont en processus continu. » Elle a ajouté que « les engagements du premier plan se renouvellent d’année en année à moins que quelque chose devienne désuet ». Ah bon. C’est un peu mélangeant tout cela. Des engagements qui se renouvellent d’année en année, est-ce une autre façon de dire qu’il s’agit d’engagements avec des cibles floues ou encore pire, de promesses non tenues et que l’on répète sans cesse? L’engagement relatif au transport nous laisse craindre le pire.

Il est nécessaire de réfléchir à l’idée sur laquelle repose cet engagement. Le gouvernement estime qu’il est possible d’en faire plus avec les ressources actuelles. Toutefois, les sociétés de transport, les organismes de défense des droits et les usagers ont clairement démontré au cours des dernières années que le transport adapté et régulier ont besoin d’investissements majeurs afin de se développer. Comment est-il possible d’harmoniser et optimiser des services insuffisants et dans bien des cas inexistants? Cette idée est complètement déconnectée de la réalité et s’articule autour du discours néolibéral de rationalisation des ressources.

Il est alarmant de constater qu’en 2015, soit près de 40 ans après l’adoption de la loi de 1978, le gouvernement du Québec ne sache toujours pas quelles sont les problématiques et les bonnes pratiques relativement au transport adapté et régulier. En théorie, les plans de développement d’accessibilité des services de transport en commun déposés par les sociétés de transport devraient répondre à ces questions. Comment se fait-il que le gouvernement ait besoin de quatre ans pour se faire une idée de la réalité sur le terrain? Pourquoi en sommes-nous encore à l’étape « [d’]analyser la possibilité de tenir un projet pilote ou de déployer certaines initiatives »?

L’engagement sur le transport est une véritable honte pour le gouvernement du Québec. Les personnes handicapées connaissent très bien les problématiques des services de transport adapté et collectif au Québec. Il faudrait peut-être les écouter…et passer à l’action.

Bonne semaine!

Un bref survol du nouveau Plan d’engagements gouvernementaux m’a permis de constater que celui-ci manque clairement d’objectifs concrets. La faiblesse de l’engagement 47 démontre que le gouvernement n’a pas du tout l’intention de secouer, ne serait-ce qu’un petit peu, les organismes de transports en commun. L’accès au transport est pourtant une pierre angulaire de l’exercice des droits des personnes handicapées. L’engagement 47 est léger, à l’image de la Semaine québécoise des personnes handicapées.

Message soulignant la fin de la Semaine des personnes handicapées avec trois mentions de Martin Deschamps

Encore une fois cette année, la Semaine québécoise des personnes handicapées organisée par l’OPHQ s’est déroulée sur un ton léger, un air d’été. Nous avons eu droit à plusieurs spectacles de Martin Deschamps et des conseils de l’OPHQ invitant la population à poser des petits gestes pour l’inclusion des personnes handicapées. Lors de l’entrevue avec Luc Fortin de Canal M, la ministre Charlebois nous a souhaité une « bonne semaine des handicapés » et a affirmé qu’elle prenait « à cœur la cause des personnes handicapées » tout en expliquant qu’elle préférait sensibiliser les divers acteurs de la société offrant des services à la population plutôt que de punir ceux qui respectent pas les droits des personnes handicapées.

De son côté, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a publié un communiqué dans lequel elle dit s’inquiéter de l’impact du contexte budgétaire actuel sur le droit à l’égalité des personnes handicapées. La Commission a rappelé que la discrimination fondée sur le handicap représente 33 % des dossiers de plaintes ouverts en 2013-2014. Il s’agit du motif le plus fréquent de discrimination. Silence radio du côté de la ministre et de l’OPHQ au sujet ces enjeux. Une recherche sur le site de l’OPHQ du terme « austérité » donne zéro résultat. Le moteur de recherche suggère de chercher « restrictions budgétaires ». Cette recherche donne six résultats, dont le dernier date de 2013.

Capture d'écran-recherche avec le terme austéritéCapture d'écran-recherche avec le terme restrictions budgétaires

Sous les beaux discours sur l’inclusion et l’importance des petits gestes du quotidien de la ministre Charlebois et de l’OPHQ se cachent une loi désuète et un silence effroyable par rapport aux coupures affectant les personnes handicapées. Cette grave situation illustre bien la nécessité de bâtir un mouvement fort pour renverser la vapeur.



                        
Nous sommes des personnes handicapées et des allié(e)s militant pour une loi sur l’accessibilité au Québec.

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